Le défunt peut bénéficier des œuvres d’autrui à plusieurs niveaux et nous allons tenter de comprendre comment nous pouvons honorer nos défunts.
L’invocation
L’œuvre la plus accessible est sans nul doute L’invocation en sa faveur. L’invocation sincère peut être faite n’importe ou et à n’importe quel moment. Elle ne requiert pas de moyens physiques ou financiers ni de déplacements.
D’après Oum Salama (qu’Allah l’agrée), le Prophète a dit: « Lorsque vous êtes en présence d’un malade ou d’un mort alors dites du bien car certes les anges disent -Amine- à ce que vous dites ». Lorsque Abou Salama (qu’Allah l’agrée) est mort, je me suis rendue vers le Prophète
et je lui ai dit: Ô Messager d’Allah ! Certes Abou Salama est mort. Alors le Prophète
m’a dit: « Dis: Ô Allah! Pardonne moi ainsi qu’à lui et donne moi après lui une bonne chose ». Certes Allah m’a donné ce qui est meilleur pour moi que lui: Muhammed
اللَّهُمَّ اغْفِرْ لِي وَلَهُ وَأَعْقِبْنِي مِنْهُ عُقْبَى حَسَنَة
(Rapporté par Mouslim dans son Sahih n°919)
Ensuite il est possible d’effectuer le ou les jours de jeûne qu’il ou elle avait projeté d’accomplir. Ici, il ne convient pas d’effectuer un mois de ramadan post mortem car le défunt n’avait pas pour projet de l’accomplir. Les actes ne valent que par leurs intentions, il convient donc de s’assurer de l’intention de ce dernier.
D’après Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, le Prophète dit :
« Quiconque rend l’âme alors qu’il devait s’acquitter de certains jours de jeûne , son successeur le fera à sa place » (Boukhari et Mouslim).
L’acquittement des dettes
L’acquittement des dettes d’un défunt même étranger à sa famille est une façon de l’honorer.
Le remboursement des dettes contractées par le défunt est prioritaire sur les droits des héritiers de ce dernier car Allah dit à propos de l’héritage : « […] après exécution du testament qu’il aurait fait ou paiement d’une dette. […] » (Coran 4/11).
Du point de vue de la Législation islamique, il est obligatoire aux héritiers du défunt de rembourser les dettes qu’il doit à autrui, en prélevant l’argent nécessaire du montant de son héritage, avant même le partage de sa succession entre eux.
Ainsi, si le défunt possédait des biens, il faudra qu’ils soient utilisés pour rembourser sa dette. S’il ne dispose pas d’argent et que ses héritiers remboursent sa dette, cela sera un acte de bienfaisance et de charité de leur part pour lequel ils seront largement récompensés par Allah.
D’après Samoura Ibn Joundoub (qu’Allah l’agrée) : Nous étions avec le Prophète dans une cérémonie funéraire lorsqu’il a dit: « Y a-t-il ici quelqu’un de Bani untel ? » et il répéta cela à trois reprises.
Alors un homme s’est levé et le Prophète lui a dit : « Qu’est ce qui t’a empêché de me répondre les deux premières fois ? Certes je ne t’ai appelé que pour un bien. Untel (*) est mort et est empêché par sa dette de rentrer au paradis ». Samoura (qu’Allah l’agrée) a dit : « J’ai certes vu cet homme s’acquitter des dettes du défunt jusqu’à ce qu’il n’y ait plus personne qui demande quelque chose. » (Rapporté par Abou Daoud dans ses Sounan n°3341 et authentifié par Cheikh Albani dans sa correction de Sounan Abi Daoud)
La Sadaqa Jariyah
La Sadaqa Jariyah signifie littéralement « une charité continue, fluide et qui circule ». Alors qu’une simple Sadaqa profite à son destinataire à une seule occasion, la Sadaqa Jariyah lui sera bénéfique à plusieurs reprises et sur un plus long terme. Par exemple, donner un verre d’eau est une Sadaqa, construire un puits est une Sadaqa Jariyah.
La récompense de la sadaqa jariyah parvient à la personne décédée, qu’elle ait été faite par le défunt lui-même de son vivant ou par une autre personne après sa mort. Le Prophète ( ) a dit : « Parmi les actes et les bonnes œuvres qui suivent le croyant après sa mort, figurent une science qu’il aura enseignée et divulguée, un enfant pieux qu’il aura laissé après lui, un exemplaire du Coran qu’il aura légué, une mosquée qu’il aura édifiée, une maison qu’il aura construite pour les voyageurs démunis, une rivière qu’il aura aménagée au profit des autres et une aumône qu’il aura prélevée sur ses biens encore vivant et en bonne santé. Toutes ces œuvres lui parviendront après sa mort. »
Les œuvres pieuses
Les œuvres pieuses accomplies par un enfant vertueux font aussi partie des choses par lesquelles la personne est récompensée. Le terme enfant, ici, fait référence à l’homme mais aussi à la femme. Cela inclus, les enfants mais aussi les petits enfants, arrières petits enfants et ainsi de suite. L’importance d’une descendance pieuse, respectueuse et investie dans sa religion profite à chacun, sa propre personne, ses parents mais aussi la société de manière général.
Leur vertu, leur religiosité et leur bon comportement incombe au chef de famille. S’occuper de la bonne éducation des ses enfants, leur inculquer la piété ainsi que le caractère distingué du musulman, c’est rendre service à l’ensemble de la société. On rapporte que le Messager d’Allah (صلى الله عليه وسلم (a dit : « Aucun parent ne peut offrir un bien meilleur à son enfant que le bon comportement. »
« Et commande à ta famille la Salat, et fais-la avec persévérance. »
وَأْمُرْ أَهْلَكَ بِالصَّلَاةِ وَاصْطَبِرْ عَلَيْهَا لَا نَسْأَلُكَ رِزْقًا نَّحْنُ نَرْزُقُكَ وَالْعَاقِبَةُ لِلتَّقْوَىٰ – Ta-Ha: 132
Consécutivement à la révélation de ce verset, le Messager d’Allah (صلى الله عليه وسلم (rendit visite à sa fille Fatima (ra) tous les matins pendant un mois pour les appeler à la prière. Il était en effet responsable de l’éducation de tous et notamment de celle des membres de sa famille.
La transmission aux enfants
La transmission du bon comportement à nos enfants requiert en amont la purification de notre propre âme. Nous devons incarner l’exemple à nos enfants et ainsi leur inculquer l’adoration d’Allah, l’obéissance à Ses ordres, l’éloignement du mensonge, de la déception, de la fornication, de l’alcool et des jeux d’argent. Devenir un modèle, faire preuve de tendresse et de bienveillance envers sa famille, est la méthode d’éducation la plus efficace. Le Messager d’Allah (صلى الله عليه وسلم (nous dit à ce sujet :
« Toutes les actions accomplies avec indulgence et douceur gagnent en beauté. Celles qui en sont privées gagnent en mal et en laideur. »
« Offrez des cadeaux à vos enfants et comportez-vous avec excellence parce qu’ils sont pour vous des présents de la part d’Allah. »
Dans la sourate Al-Baqara, verset 128 Ibrahim et Ismail tous deux en tant que prophètes formulent le même vœu à travers l’invocation suivante :
« Notre Seigneur ! Fais de nous Tes Soumis, et de notre descendance une communauté soumise à Toi. Et montre-nous nos rites et accepte de nous le repentir. Car c’est Toi certes l’Accueillant au repentir, le Miséricordieux. »
À travers ce magnifique verset 21, sourate 52 Allah nous informe que les enfants pieux constituent la raison de l’augmentation de la récompense des parents ainsi que de leur baraka (bénédiction) :
« Ceux qui auront cru et que leurs descendants auront suivis dans la foi, Nous ferons que leurs descendants les rejoignent. Et Nous ne diminuerons en rien le mérite de leurs œuvres, chacun étant tenu responsable de ce qu’il aura acquis. »